COUP DE COEUR POUR LES POESIES 

                        DE MARIE-LOUISE LOPEZ

 

MATIN 2000

Un petit rayon de soleil,

Quatre gouttes de rosée,

Dame Nature s'éveille,

Une abeille s'est posée.

<<-Chante ruisseau sur les galets,

Le matin ouvre ses volets.>>

La feuille tombée sur l'eau, s'élance,

Glisse, s'arrête, et recommence.

Dans le pré, un tintement de clochettes;

On aperçoit parmi les pâquerettes,

Vache placide baillant aux corneilles;

Son petit veau broutte et s'émerveille.

Soudain, tout se fige, tout s'arrête.

Seule ne s'émeut la girouette!

Une grenouille fuit sous la roche.

Il arrive, il gronde, il approche...

Dans un vacarme assourdissant,

Il vrombit,lance son cri puissant,

Et aussi vite qu'il est apparu,

Le monstre T.G.V. a disparu.

                                      M-L L  06/1998

 

LE DIVORCE

Quel vent malin s'engouffre dans ces foyers,

Sans nuages durant des annnées?

Quel souffle insidieux, insolite,

Vile étincelle de dynamite,

Approche, inexaroble,

Et frappe, impitoyable.

C'est l'éclatement fatal.

Le bris des coeurs fait mal!

L'enfant veut la mère,

le père veut l'enfant,

la mère désespère,

Les larmes noient l'enfant.

Les amis jugent et légifèrent.

Il n'y a plus de sentiments.

Chacun tire la couverture,

l'on entame la procédure...!

Pourtant, la porte s'ouvre sur demain;

Le bonheur pointe au bout du chemin.

l'espoir est là, renaissant toujours!...

Notre monde, n'est-il pas fait d'amour?...

                                         M-L L  11/1997

 

SOLEIL COUCHANT

Jaune, orangé, rose, gris,

Couleur de jour, couleur de nuit,

Reflets d'argent, vagues d'écume,

La mer, lentement, se voile de brume.

Mes pieds nus foulent la grève,

je contemple un tableau de rêve:

Le disque de feu fuyant à l'horizon.

Symphonie d'aquarelle au diapason,

Nimbe grandiose, en parfaite harmonie,

La lumière divine fuse à l'infini.

Je frissonne, Ô douce sensation !

<<-Mon coeur, savoure ton émotion.>>

Que ne suis-je peintre pour immortaliser,

L'éphémère palette, aux tons chauds irisés.

Le soir tombe, les mouettes se sont tues;

Le dernier pêcheur, dans le noir s'est fondu.

Le fort parfum des embruns me grise,

La fraîcheur me gagne et, je réalise

Qu'il est temps de rebrousser chemin.

Telle féerie, ne peut revivre demain !

                                        M-L L  07/1998

 

PORTRAIT DU RETRAITE

Voici qu'il passe, et repasse ,

Frais-dispo, dans sa cuirasse:

Survêtement fluo, flambant neuf,

Baskets, à francs: deux cent trente neuf.

La casquette semble convenir,

Enfermant, sans doute, des souvenirs.

Au placard, le 'costume cravate',

Qu'il fût instit ou bureaucrate,

Oubliée, la blouse du boucher,

Place à l'uniforme branché.

<La marche, c'est la santé> dit-on,

Voilà l'inconditionnel piéton.

On le trouve aussi, vieux loup de mer,

Empaqueté dans un ciré vert,

Ou encore, camping-cariste:

<Télè> <C.B>, éternel touriste.

La ronde des retraités bat son plein,

Heureux sexagénaires bout-en-train...

Au feu, montres et calendriers,

Il est temps de rendre ton tablier.

Plus de pressions, plus de containtes.

Fini le stress, bonjour l'étreinte.

Tous, libres pour leurs "petits amours",

Papi et Mamie, gâteau, toujours !

                                         M-L L  04/1996

 

EVASION

Il me plairait un jour te raconter

Pourvu que tu veuilles bien m'écouter,

Ma petite maison au bord de l'eau,

Bercée par le délicieux chant des flots.

Si d'aventure tu veux la dénicher,

Point longtemps, tu ne devrais la chercher;

Elle est droite, comme un enfant sage,

Sise au lieu-dit " Mas de la plage".

Parmi ses semblables, tu la reconnais;

Elle porte une cigale sur son nez;

Ses joues rouges et sa large carrure,

Coquettement, lui donnent fière allure.

Sa ceinture blanche fait barrière,

Mais, elle t'acceueille, à portillon ouvert,

Sur une terrasse, couleur sable chaud,

Qui t'inspire... farnient, et... sombréro!

Une baie vitrée sourit au soleil levant;

Au-dessus, deux fenêtres clignent au vent;

Et, sur le coté, son oreille fleurie,

Aère une cuisine, des plus jolies!

Pour te rafraîchir, entre dans le séjour,

Confortable à souhait, quel que soit le jour.

Ses meubles, du pin, exhalent la senteur;

Le verre de l'amitié y est de rigueur.

Si, après ton voyage, tu te sens las,

Monte te reposer, sans autre tracas;

Un amour d'escalier en bois teinté,

Te mène, à deux chambres de poupée.

ET demain, au lever du jour, tu goûteras

Au joies des vagues, du sable et du soleil,

Tous près, ne t'en déplaise, à quelques pas,

La grande bleue t'offrira ses merveilles.

                                             M-L L  10/1995

 

VENT !

Pourquoi t'obstines-tu à croire

Que tu es au sommet de la gloire?

Faut-il te dire que dans l'univers,

Nul n'admet tes folles chimères?

Tu veux inspirer l'admiration

Mais tu n'apportes qu'indignation

Avec ton fougueux désir immature

De charmer par ta force la nature.

Entends ces jeunes pousses qui geignent,

Pliant sous ton souffle qu'elles craignent.

Et cet oiselet qui se lament,

Indécis sur la branche mouvante.

Que tu sois Bise, Autan, Tramontane,

Va, Mistral, traverse les montagnes,

Disparais dans ta coque invisible

Pour revenir Brise paisible.

Alors seulement, avec douceur,

Caresse le visage de Lucie,

Fille de rêve, élus de mon coeur,

Sous le chêne, près de moi endormie.

                                        M.L L  10/2005

 

    Les 3 textes qui vont suivre, lui ont été inspirés, dans un contexte d'insécurité, pendant les conflits d'Afrique du Nord, à l'aube de la guerre d'Algérie. Elle avait 17 ans.

 

LA GUERRE

Qu'y a-t-il en ce monde de plus horrible

Qu'une guerre et tout ce qu'elle a de terrible?

Pour un pays, dont elle détruit les beautés,

Pour un soldat, arraché aux siens sans pitié,

Pour une mère à qui elle a volé l'enfant,

Pour une épouse, loin de son mari aimant?.

Rampant dans les villes comme une couleuvre,

Elle remplit les tombes de son chef d'oeuvre,

Elle plonge dans la misère et le délire,

Un pays ne demandant qu'à s'épanouir.

Elle mutile et meurtrit les corps douloureux.

Elle brise et torture les coeurs malheureux.

Quelle famille ne garde pas en son sein,

Une tache indélébile de son venin?.

Ses cruautés, comme si elles balayaient,

N'épargnent pas un seul, de millions de foyers.

Lorsque le bonheur règne dans une maison,

Sans plus tarder, elle y insuffle son  poison.

Si elle doit s'endormir pour quelques années,

Elle se reveille ensuite, bien plus damnée,

Ayant pendant son sommeil, repris des forces,

Elle arrive, plus destructrice et féroce,

Comme un ouragan, dure et dévastatrice,

Rouvrant dans les coeurs de larges cicatrices.

Sur  son passage, elle jette sur les dames,

Robes et voils noirs, et de nombreuses larmes.

Elle peuple les hopitaux d'agonisants,

Et les orphelinats de milliers d'innocents.

Elle transforme les routes en cimetières

Et en sang, l'eau limpide des rivières.

Pourquoi ne pas nous unir gens de tous pays,

Et refuser ainsi d'être des  ennemis?

Pourquoi ne pas nous dire en nous serrant la main,

Que nous sommes frères, et le resterons sans fin ?

Pourquoi ne pas vouloir essayer d'éviter

Cette tempête de haine et d'atrocités?.

                                         M.L L  O1/1960

 

LA MARIEE

Dans un froufrou de blancheurs immaculée,

Au bras d'un mari qui des yeux la couvait,

Avancait, divine au milieu des fleurs,

La mariée, qu'une irréelle beauté

Rendait transparente telle une fée.

Ce furent assurément des noces d'amour,

Et ils se jurèrent de s'aimer toujours.

Une tendresse infinie les unissait,

Qui , jusqu'à l'adoration grandissait.

Hélas, dans le bonheur ils ne vécurent,

Qu'un mois, bien trop court pour leur coeurs purs,

Car, comme une bombe sans crier gare,

Eclata la guerre aux oeuvres barbares.

Et un beau matin  on aurait pu les voir,

Sanglotant, se dire un supprême au-revoir.

Alors, sous les yeux de son épouse éplorée,

Vers la bataille il s'en alla déchiré.

Elle connut la longue et cruelle attente,

Les nuits blanches et prières ferventes.

Quelques douces lettres étaient seule éclaircie,

A ce premier grand chagrin de sa vie.

Puis un jour, plus rien, rien que le silence

Un silence porteur de lourdes souffrances.

Elle savait qu'il n'était plus de ce monde,

Et elle haisait cette guerre immonde.

Elle portait dans son corsage, jour et nuit,

L'unique portrait qu'elle possédait de lui.

Implorant le ciel, dés l'aube jusqu'au soir,

Elle avançait sans but dans son désespoir.

La malheureuse n'était plus qu'une loque,

A qui il ne restait qu'une voix rauque

Pour appeler avec des cris de dément,

Celui qu'elle avait aimé passionnément.

On devine où elle dût finir ses jours,

Avant d'aller le rejoindre pour toujours.

                                           M.L L  05/1960

 

LES DEUX ORPHELINES

Il était un jour dans une ville,

Deux petites et pauvres orphelines,

Qui, n'ayant jamais connu de foyer,

Trainaient,dans les rues froides et mouillées.

Elles avançaient, la main dans la main,

Leur estomac tenaillé par la faim.

C'était, comme deux frêles oiselets

Qui n'avaient encore jamais volé,

Deux gauches petites innocentes,

Deux tristes malheureuses mendiantes.

Je les ai vues, ces bien jolies filles,

Aussi fragiles que des brindilles

Passant toutes leurs nuits sous les vieux ponts,

Couvertent simplement, de leur jupon.

Le jour elles chantaient des cantiques,

Sous les regards, durs ou sympathiques;

Tantôt on leur lançait une pièce,

Tantôt elles gagnaient une caresse,

Mais bien souvent aussi, elles recevaient

De garçons sans coeur, mal élevés,

Des gigles, ou des rafales de cailloux,

Ce qui, vraiment amusait les voyoux.

Mais elles étaient vaillantes et braves,

Et sans haine, disaient d'un air grave:

"Dieu est juste et s'il est nécessaire,

Il punira, mais non pas sur terre ".

Puis, l'une contre l'autre elles repartaient,

Leurs grands yeux débordant de charité.

Mais un matin par un temps gris et froid,

On les a retrouvées avec effroi.

Blèmes et droites dans leur lit glacé,

où le trépas les avait enlacées.

Elles étaient mortes.Mortes en ignorant

La joie de posséder de bons parents,

Mortes à fleur de la tendre jeunesse,

Mortes loin du monde et ses bassesses.

Souhaitons que leur âme repose,

Paisiblement au pays des roses.

Un bonheur qu'ils auront bien mérité,

Ces deux anges au coeur plein debonté.

                                       M.L L  07/1962

 

 

 

 


 

 

Afficher la suite de cette page



Créer un site
Créer un site